Les enjeux de l'installation de pompes à chaleur pour la rénovation énergétique des logements

Est-ce recommandé d'installer une pompe à chaleur pour améliorer l'efficacité énergétique d'un logement peu performant sur l'échelle DPE F et G ? La réponse est oui, mais à condition de procéder à une rénovation énergétique efficace. Tel est le principal enseignement d'une étude menée par l'Association négaWatt et le CLER-Réseau pour la transition énergétique sur le rôle des pompes à chaleur dans les logements classés en DPE F et G.   

Contextualisation :

Le contexte de l'étude technique sur les pompes à chaleur (PAC) est marqué par l'urgence de sortir des chaudières à énergie fossile en raison de la crise énergétique, du paquet climat Fit for 55 et de la révision de la DPEB. En France et dans l'Union européenne, la PAC est considérée comme la meilleure façon d'atteindre cet objectif, comme en témoignent les ventes record de PAC dans les logements individuels en 2022 (346 313 unités vendues, soit une progression d'environ 30% par rapport à 2021).  L'augmentation de l'aide à l'installation d'une PAC à partir du 1er mars 2023 (5 000 euros pour la PAC géothermique) confirme cette tendance. L'étude de l'Association négaWatt et du CLER-Réseau pour la transition énergétique porte sur l'application des PAC à 50% des logements classés F et G au DPE, soit environ 1,4 million de passoires thermiques chauffées au fioul ou au gaz nécessitant des travaux de rénovation énergétique.  

Choisir la meilleure pompe à chaleur selon la rénovation du logement :

L’impact de plusieurs scénarios d'installation de pompes à chaleur (PAC) selon qu'elles soient installées avec ou sans rénovation préalable du logement.    Dans le cadre d’une installation sans rénovation, il est recommandé de mettre en place une PAC ordinaire, une PAC avec convecteurs électriques, une PAC en relève de chaudière, une PAC Hybride ou une PAC haute température.  Avec rénovation ; PAC air/eau et PAC eau/eau   L'analyse a été réalisée en prenant en compte trois critères : les émissions de gaz à effet de serre (GES), la pointe électrique et la consommation d'énergie finale et primaire.    Selon l'étude, il est important de bien isoler le logement avant d'installer une PAC, car sinon, elle ne sera pas efficace et peut même causer des sinistres. Le changement de système de chauffage est souvent le premier réflexe pour faire des économies d'énergie, mais il doit être effectué en même temps qu'une rénovation performante pour maximiser son efficacité.  

L'efficacité de la PAC dépend de la rénovation énergetique :

Trois enseignements majeurs ont été tirés de l'étude.    Tout d'abord, si le logement est mal isolé, la pompe à chaleur ne fonctionne pas correctement, surtout pour les bâtiments classés F et G datant d'avant 1975.    Ensuite, sans rénovation énergétique préalable, les PAC à haute température et celles adossées à des convecteurs électriques entraînent des effets rebond, tels que l'augmentation de la consommation d'électricité, le coût important pour les ménages et une diminution insuffisante des émissions de GES.   Enfin, la PAC est très efficace dans le cadre d'une rénovation performante au niveau BBC, où elle peut réduire les émissions de GES d'une division par 100 et les consommations d'énergie primaire d'une division par 15.

 

Recommandations : 

Voici les 4 recommandations principales au niveau national :   - Modifier les aides pour encourager la combinaison de la rénovation globale performante et de l'installation de PAC ;   - Rendre obligatoire le passage par France Rénov' avant de changer le système de chauffage.   - Harmoniser les méthodes de calcul des déperditions dans le référentiel RGE   - Sensibiliser sur l'importance de la maintenance des PAC et rendre obligatoire la preuve d'entretien dans les contrats d'assurance.   Chaque recommandation est accompagnée d'explications détaillées. Par exemple, les aides actuelles à la rénovation énergétique favorisent le remplacement du système de chauffage au détriment de l'isolation de l'enveloppe, ce qui est inefficace. La recommandation d'obliger le passage par France Rénov' avant de changer le système de chauffage garantit un avis neutre et gratuit, évitant ainsi les démarchages agressifs. Enfin, la sensibilisation sur l'importance de la maintenance des PAC et l'obligation de la preuve d'entretien dans les contrats d'assurance contribuent à une utilisation plus responsable et durable des PAC.  

DPEB ET ÉCOCONCEPTION :

À l’échelle européenne, les deux associations appellent à des directives plus ambitieuses au niveau européen en matière de performance énergétique des bâtiments et d'efficacité énergétique. Elles estiment que l'Union Européenne devrait soutenir les rénovations globales et performantes pour qu'elles deviennent une priorité dans chaque État membre.   Le traitement des pompes à chaleur dans l'étiquetage énergétique est identique à celui des autres appareils de chauffage. Cependant, cela peut encourager les consommateurs à préférer des chaudières à gaz plutôt que des PAC. En effet, la classification actuelle, qui date de 2012, permet aux chaudières à gaz d'obtenir une classe A. Pour remédier à cela, il serait souhaitable de créer une nouvelle échelle de A à G pour les systèmes utilisant des énergies renouvelables, en réservant les classes A et B à ces systèmes.